« Décadente », « ingérable » : la Maison Blanche de Trump théorise la mise sous tutelle de l’Europe et l’affaiblissement de l’UE

Un des points de ce retournement s’applique à l’Europe et concerne chacun d’entre nous. Trump entend bien soumettre l’Europe aux Etats-Unis comme il s’applique à le faire de l’Amérique latine. Pour justifier cette ambition, son porte-parole s’attache à nous décrire comme un monde en pleine décadence, reprenant les accusations du vice-président Vance à Munich le 14 février 2025 : un Vieux Continent en peine de natalité, ouvert à toutes les immigrations qu’il est incapable d’arrêter, ennemi de la liberté d’expression, perverti par ses mœurs, en plein naufrage civilisationnel…

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Si le document de la Maison Blanche ne le dit pas explicitement, Elon Musk, qui ne perd pas une occasion d’enfoncer l’Europe, le déclare tout de go : « L’Union européenne devrait être abolie et la souveraineté revenir aux États, de manière que les gouvernements puissent mieux représenter leur peuple. » L’emprise des Etats-Unis sur l’Europe serait évidemment facilitée par l’explosion de l’UE et le retour dans leur coin des 27 États qui la composent et qui ne rêveraient plus de s’affranchir de leur domestication.

Cette éventualité d’une Europe politique, d’une Europe puissance, d’une Europe unie, Trump et les siens se félicitent que cela ne soit pas pour demain. Pratiquant une cynique ingérence dans les affaires des pays étrangers, la Maison Blanche se félicite de la montée en force des « partis européens patriotes » qu’elle observe avec « optimisme ».

Soutenir les partis d’extrême droite pour faire imploser l’Europe

En d’autres termes, Trump, Vance et Cie appuient carrément les mouvements et partis d’extrême droite, nationalistes et populistes, sachant pouvoir compter sur leurs progrès dans les opinions. On a pu se plaindre, à juste titre, de l’ingérence russe dans la vie politique et électorale des pays européens, mais voici que cette ingérence provient aussi des Américains. De concert, Russes et Américains trumpistes soutiennent les mêmes courants d’extrême droite, dont la première vertu à leurs yeux est bien d’œuvrer au démantèlement de l’UE.

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Pris dans cet étau russo-américain, nous mesurons chaque jour nos faiblesses, ce que nous coûte désormais le long aveuglement que nous avons eu en croyant définitive la « protection américaine » et normal notre désarmement si profitable à nos finances. La victoire de Trump à l’élection présidentielle nous a douchés. La démonstration de notre dépendance est devenue évidente avec la guerre d’Ukraine. Le peuple ukrainien fait preuve, sous les missiles, d’un courage à toute épreuve, aussi bien civils que militaires, mais sa résistance s’effrite et risque à la longue de s’effondrer quand l’aide américaine, notamment en matière de renseignements, lui sera retirée.

Force est de constater que l’Europe n’est pas encore en mesure de remédier à une telle carence. La timidité qu’elle manifeste sur la saisie des actifs russes démontre sa déficience. Il est clair cependant qu’elle doit donner un coup d’accélérateur au projet d’une défense commune entre l’UE et le Royaume Uni, indépendamment des Etats-Unis. Cela prendra sans doute des années et nécessitera de la part des nations européennes une ferme volonté, et à condition que celle-ci ne soit pas ruinée par les idéologies suicidaires des extrêmes droites, dont le nationalisme trompeur ne tend à rien tant qu’à la vassalisation de leurs pays. En France, nous en avons l’expérience depuis 1940.

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