Edouard Philippe a raison, le risque d’une République réduite à l’état liquide est réel

« Une république menacée par l’anomie plutôt que par la dictature » (Maurice Agulhon)

« Les valeurs républicaines, réduites à leur minimum d’exigences, démocratie libérale, Etat de droit, règne de la loi, expliquait-il, sont désormais communes à tous les grands partis. Et c’est bien. Ce qui est plus inquiétant, c’est le doute que l’on peut avoir sur l’enracinement de ces valeurs dans l’esprit des simples gens. Parce que les principes du civisme républicain ne sont plus guère contestés, la pédagogie de ce civisme s’est relâchée, sous prétexte qu’elle était moins nécessaire, et – le temps aidant – les courants libertaires, qui ont le vent en poupe, font souvent passer le civisme pour désuet ou rétrograde. Menacée par l’anomie plutôt que par la dictature, notre République contemporaine est certainement plus fragile qu’on ne le dit usuellement. »

La République, ce n’est pas un meccano institutionnel qui obéirait à des règles immuables. La République, ça se réinvente en permanence avec ses copropriétaires, ses concitoyens, ses égaux, ses pairs, ses contradicteurs qui ne sont pas que des électeurs. Qui ne sont pas que des consommateurs ou des spectateurs.

Or Macron a trop souvent donné l’impression qu’il regardait les Français comme des usagers qui pouvaient se contenter d’une machinerie entrepreneuriale performante. Et qui donneraient simplement quitus à son savoir-faire – qui est réel – à l’heure des élections. Pour un nouveau mandat de président du Conseil d’Administration France.

Lors des dernières élections, Emmanuel Macron n’a pas fait campagne

Au point que lors des dernières élections, il n’a pas fait campagne. Il suffisait à ses yeux de laisser entendre qu’il était meilleur manager que Marine Le Pen. Il n’a pas eu beaucoup de mal. Mais aux républicains ébranlés dans leurs écoles, leurs hôpitaux, leurs campagnes, leurs sécurités, il ne parlait pas.

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En retour, les Français ne l’écoutent plus d’autant que tous les comptes de l’Etat sont dans le rouge. Beaucoup des soutiens du socle commun ne le comprennent plus. Et la force d’inertie insufflée par les institutions de la Ve République pour maintenir un président debout malgré tout est épuisée. C’est toute la République qui risque de devenir liquide.

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