Sur le nucléaire aussi, Donald Trump veut s’imposer comme le « prédateur dominant »
« Ces gesticulations ont surtout pour effet de conforter Vladimir Poutine dans l’idée que ses messages ont été compris, que les menaces russes sont sérieuses et qu’il faut donc à nouveau négocier sur l’arsenal nucléaire », note Michel Duclos, ex-ambassadeur et conseiller stratégique à l’Institut Montaigne. A l’exception du traité New Start sur les armements stratégiques qui limite chaque partie à 1 550 ogives stratégiques déployées, tous les accords élaborés avec Moscou dans les dernières années de la guerre froide pour le contrôle et la limitation des armes nucléaires sont désormais caducs. La négociation de tels traités aujourd’hui sans la Chine n’aurait pas grand sens mais cela complique encore la donne. L’escalade, dans l’état seulement verbale, du locataire du bureau ovale vise en effet selon toute probabilité à une désescalade dans la logique de « l’art du deal » telle que la revendique Donald Trump, avec d’abord une montée aux extrêmes puis des compromis.
Un usage désinhibé de la force ou du moins de sa menace
Que cherche en réalité le 47e président américain sur le terrain du nucléaire ? Il ne cesse d’alterner propos belliqueux et provocations verbales tout en se posant en homme de paix rêvant d’être reconnu comme tel par un prix Nobel . Dans son entourage, certains faucons continuent de presser pour un durcissement en matière de menaces militaires aussi bien vis-à-vis de la Chine que de la Russie dans la logique de « la paix par la force » telle que la prône Donald Trump. Mais il y a encore quelques mois, en février dernier, il déclarait « qu’il n’y a aucune raison pour que nous construisions de nouvelles armes nucléaires car nous en avons déjà tellement ; nous pouvons détruire le monde 50 fois, 100 fois » .
Un an après son élection, le tourbillon de la politique étrangère américaine reste à bien des égards illisible et confus d’autant qu’elle au cœur de toutes les contradictions entre les diverses composantes de l’alliance qui lui permit d’emporter le scrutin, unissant des populistes nationalistes volontiers isolationnistes, des conservateurs républicains encore convaincus de la nécessité d’interventions si les intérêts de l’Amérique l’exigent, des réalistes plaidant en faveur d’une priorité accordée à la rivalité avec la Chine et des ultralibéraux libertariens dont les patrons de la high-tech de la Silicon Valley avant tout avides de libre-échange dérégulé.
Leur point d’union est le président lui-même avec ses fréquentes volte-face mais aussi les constantes de son action internationale. A commencer par un usage désinhibé de la force ou au moins de sa menace. Cela avait commencé avant même qu’il ne s’installe dans le bureau ovale en évoquant par exemple l’annexion du Groenland , y compris par la force. Il ignore le droit international et raisonne en termes d’équilibre des grandes puissances avec leurs zones d’influence. L’administration Trump II s’est d’entrée de jeu posée comme une véritable « révolution conservatrice ». Elle veut se donner les moyens de changer les Etats-Unis en profondeur mais aussi l’ensemble de l’Occident. Le jour même de l’investiture, un élu de la chambre des représentants, Andy Ogles, annonçait la couleur dans un entretien sur Fox News : « franchement nous sommes le prédateur dominant » . Et c’est vrai aussi sur la question du nucléaire.
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